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Projet de fusion nucléaire ITER : le Parlement européen refuse de cautionner le gaspillage d’argent public

28 avr 2016

Le Parlement européen a refusé par 594 voix, ce jeudi 28 avril 2016, de voter la décharge budgétaire (1) au projet de fusion nucléaire ITER. Dans leur rapport, les parlementaires s’inquiètent du dépassement des coûts, du retard et de la mauvaise gestion concernant ce projet, et exigent de la Commission et d’ITER qu’ils leur rendent des comptes dans les 6 prochains mois.

Pour Michèle RIVASI, Vice-Présidente du Groupe Verts/ALE :

« La gabegie engendrée par ITER est enfin devenue une réalité pour la grande majorité des eurodéputés. Il était grand temps que le Parlement mette un frein à l’irresponsabilité de l’agence Fusion for Energy gérant la contribution de l’UE au projet ITER . L’an dernier la Commission du contrôle budgétaire du Parlement européen avait déjà proposé le rejet de la décharge du budget d’ITER, mais le Parlement n’avait pas suivi en session plénière. Le budget européen alloué à ITER pour la période 2014-2020 a pourtant bien des raisons de susciter toute l’attention des eurodéputés : il s’élève à près de 3 milliards d’euros, plus que le budget initial prévu dans les années 2000 ! Ainsi, le coût d’ITER est passé de 5 à 16 milliards d’euros (pour la seule construction) soit plus de trois fois les estimations de 2006.

Comme d’habitude les projets de recherche sur le nucléaire disposent de budgets bien plus conséquents que les solutions technologiques permettant de lutter rapidement contre le changement climatique : l’application commerciale d’ITER, si elle existe un jour, ne débutera pas avant la fin du siècle. Et à la vitesse à laquelle le changement climatique s’accélère, on comprend difficilement en quoi un tel projet peut être considéré comme prioritaire. Cette logique de favoritisme pour ITER a par ailleurs un impact sur les priorités des États-membres en matière de recherche : la gronde commence à se faire entendre parmi les chercheurs français dont les budgets sont rabotés au profit d’ITER. En effet, la France finance 20% de la part européenne (environ 1,5 milliards d’euros) car nous avons eu le privilège d’accueillir ce projet dans notre pays, un haut fait du Président Chirac qui assurait que le risque nucléaire sur l’une des failles sismique les plus actives de France n’était pas inquiétant».

Et l’eurodéputée de conclure : « Les écologistes alertent depuis de nombreuses années sur les risques et défauts de la fusion nucléaire et, notamment, sur le risque de disruption du plasma, un problème qui n’a toujours pas trouvé de solution. Quand l’impasse technologique rejoint le gouffre budgétaire, il devient nécessaire de prendre ses responsabilités. Et d’arrêter les frais ».

(1) Par le vote ou le rejet de la décharge budgétaire, le Parlement européen valide ou non les comptes de la Commission européenne et des autres institutions et agences européennes, dont fait partie ITER. Si les eurodéputés refusent de voter la décharge à une institution ou une agence de l’UE, celle-ci a alors 6 mois pour répondre aux questions des eurodéputés. Ceux-ci se prononcent alors définitivement à l’automne de la même année. Le Parlement européen a refusé à plusieurs reprises d’accorder la décharge budgétaire de plusieurs agences et organes de l’UE, dont deux fois pour la Commission européenne en 1984 (pour l’année financière de 1982) et en 1998 (pour l’année financière de 1996, ce qui a débouché sur la démission de la Commission Santer).

Nucléaire Royal !

Que représente une extension de 10 à 20 km du périmètre de sécurité face à un risque nucléaire majeur ?… Pas grand-chose !

Alors que l’Europe commémore aujourd’hui la tragédie de Tchernobyl d’il y a tout juste 30 ans, accident majeur qui a fait plus de 100 000 victimes et que la catastrophe de Fukushima a montré que d’autres types de réacteurs étaient eux aussi susceptibles d’exploser, la ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, Ségolène Royal, vient d’annoncer l’extension de 10 à 20 km du périmètre particulier d’intervention (PPI) en cas d’accident nucléaire en France  : ce n’est pas un exploit !

Cette annonce correspond à un minima maintenant que l’on a l’expérience des difficultés rencontrées par les Japonais depuis 2011. Elle  démontre que l’Etat reconnait une fois de plus que cette énergie est dangereuse alors qu’EDF la considère pourtant comme sûre. Le manque d’envergure des décisions gouvernementales face au risque nucléaire traduit surtout sa soumission face au lobby nucléaire et son irresponsabilité face aux populations menacées.

Que représente une extension de 10 km du périmètre de sécurité autour des centrales face à un risque nucléaire majeur ? Pas grand-chose.

Compte tenu du régime aérologique local (vitesse des vents du Nord et/ou d’Ouest selon les jours) , Europe Ecologie Les Verts Vaucluse demande  l’extension du PPI sur l’ensemble des communes du Vaucluse et demande au Conseil Départemental de se saisir de ce dossier, à la fois sous l’angle de la définition du périmètre que sous celui des  actions de prévention et de sensibilisation à mener auprès des populations.

Les écologistes militent pour la sortie du nucléaire et demandent dès à présent la diminution de la part d’énergie nucléaire dans le mix énergétique français. Réduction pourtant inscrite dans la loi de transition énergétique, mais toujours pas programmée dans le Plan pluriannuel sur l”énergie (PPE).

Serge Marolleau, 06 83 07 17 70

Annne-Isabelle Lacordaire,  07 81 14 61 34

porte-parole EELV du Vaucluse,

pour les groupes locaux d’Europe Ecologie Les Verts du Vaucluse