Discours de Nicette Aubert, ancienne Vice-Présidente de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, à l’occasion de la remise de la médaille du Mérite Agricole à Jacques OLIVIER

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, mon cher Jacques.
Nous sommes réunis aujourd’hui de manière quelque peu solennelle pour honorer et décorer du Mérite agricole Jacques Olivier, mon ami Jacques.
Ainsi Jacques après ton grand-père François Olivier, après ton père ou plutôt « le père » comme tu le dis, tu vas entrer dans cet ordre du Mérite agricole.
Ordre crée en 1883 pour honorer les « personnes ayant rendu des services marquant à l’agriculture ».Il me plait à dire que dès 1884, 2 femmes reçurent cette nouvelle décoration, Marie Anne Thomas et Cora Millet.
Comme il me plait à dire que lorsque en 1963 le Général de Gaulle met de l’ordre dans « le bazar » selon ses propres termes, des ordres spécialisés, aux côtés des Arts et des Lettres, de l’enseignement, la mer, il conserve celui de l’agriculture. C’est dire la place que tient l’agriculture dans ce qui fait l’identité nationale.
Je suis d’autant plus heureuse d’être là qu’avec toi Jacques nous partageons bien des points communs.
D’abord celui, d’être toi le fils, moi la fille d’agriculteurs, d’avoir tous deux partagés le travail de la terre, d’avoir connu dans notre jeunesse, « une année bonne, l’autre non », de savoir que ce sont les femmes et les hommes qui par leur travail créent les richesses.
Ensuite d’avoir en commun cet engagement avec le monde agricole, un engagement sans flatterie, démagogie où le rapport au monde politique ne se réduit pas à des marchandages.
Ton engagement est fondé sur 3 principes : celui du respect de la dignité des femmes et des hommes, celui de la reconnaissance de leur travail, celui de considérer le monde agricole comme une des composantes essentielle de la société. A ce titre je veux souligner combien tu as participé à « ce que la question paysanne » et son avenir deviennent de vraies questions qui interroge au présent et pour demain l’ensemble de la société.
Enfin d’avoir en commun travaillé à la construction d’une nouvelle politique agricole au niveau régional.
Une politique fondée sur la mise en œuvre d’une vision nouvelle.
Je dois à la vérité, de te dire Jacques, combien alors que j’étais vice-présidente du Conseil régional, chargée de l’agriculture et de la forêt, ton arrivée comme président de la commission fut pour moi, un véritable bol d’air, toi qui venait avec toute ton expérience de la vie associative, tes engagements entre autre contre les OGM, toi porteur des questions d’énergie, de dimensions environnementales.
Toi Jacques avec ton engagement syndical, vrai, sincère, qui t’a conduit à participer à la création et à la vie de SUD.CAM avec une double responsabilité celle de la commission « banque finances » et celle des relations avec la Confédération paysanne ; engagement syndical qui aussi t’a valu d’être membre de la Chambre d’agriculture et de la MSA.
Toi Jacques avec ton engagement dans la vie politique, où dans ton mandat de Maire du Thor tu as porté des idées de progrès, de solidarité et posé des actes forts comme celui de Commune sans OGM.
Ainsi avec nos expériences, nos analyses, nous visions à avancer dans la voie d’une politique agricole répondant mieux aux besoins du moment, des exigences d’avenir.
Depuis longtemps je m’interroge sur les réponses à apporter à l’analyse et aux propos de Karl Marx : » Chaque progrès dans l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore de dépouiller le sol. Chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité »
Toi, tu reprenais le questionnement avec Pierre Rabhi «  ne pouvant produire sans épuiser, détruire et polluer, le modèle dominant contient en fait les germes de sa propre destruction et nécessite d’urgence des alternatives fondées sur la dynamique du vivant ».
Ensemble nous avons travaillé, nous avons rencontré les femmes et les hommes qui font l’agriculture aujourd’hui, nous avons échangé autour de cette question de civilisation qu’ils vivent au quotidien.
Nous l’avons fait avec la volonté de construire en commun, non pas dans un consensus mou ou en imposant, mais avec l’idée que les différences d’approches ne sont pas des obstacles à condition de les assumer dans un projet commun porteur de l’intérêt général.
Là encore ton expérience, ta loyauté, ton sens du bien commun nous ont permis d’avancer.
Et je voudrai souligner comment la dimension du travail humain et son rapport à l’environnement a été prise en compte, en refusant l’opposition agriculture, préservation de l’environnement pour mettre en œuvre au niveau régional une agriculture productrice d’un environnement de qualité au travers de pratiques alternatives.
Loyal, inventif et disponible pour les autres ainsi est Jacques Olivier. Je n’aurai garde d’oublier une de ses qualités majeures, celle de son appétit, de sa gourmandise à vivre.
Il illustre parfaitement ce que Giono disait de la vie : « la vie de l’homme est une chasse au bonheur. Parmi ces bonheurs, l’exercice de la gourmandise est un des plus importants ».
Alors en terminant, je veux dire à Danièle, à ses enfants, et peut être encore plus à ses petits enfants, Oscar, Lisa, Dante combien ils peuvent être fier de Jacques Olivier, lui dont la mère était venue de ces vallées du Piémont italien et qui comme tant d’immigrés ont apporté toute leur force de travail, leur intelligence, leur humanité enrichissant ainsi notre patrimoine national.

AU NOM DU MINISTRE DE L’AGRICULTURE, DE L’AGROALIMENTAIRE ET DE LA FORÊT NOUS VOUS FAISONS CHEVALIER DU MERITE AGRICOLE.